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Favoriser la Biodiversité Fonctionnelle pour gérer les ravageurs en maraîchage

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Le tunnel expérimental est planté de salades en ce moment, qui ont succédé à une culture de concombre

Mercredi 28 septembre, vingt-cinq personnes de Bourgogne-Franche-Comté ont fait le déplacement dans les monts du Lyonnais pour un voyage d’études sur la biodiversité fonctionnelle. Les agriculteurs du groupe DEPHY maraîchage de Franche-Comté, à l’initiative de la journée, étaient accompagnés d’autres maraîchers de la région, ainsi que de conseillers.

Au programme : visite de  l’essai COSYNUS (Conception de Systèmes maraîchers favorisant la régulation naturelle des organismes nuisibles) à la station expérimentale de la SERAIL le matin, et visite de l’exploitation de Dominique Vianney, maraîcher à Chaussan l’après-midi.


L’essai COSYNUS : Favoriser la biodiversité pour lutter contre les ravageurs sous abri-froids

Pierre Lasne (SERAIL) a présenté aux participants le dispositif expérimental ainsi que les premiers résultats de l’essai COSYNUS : favoriser la biodiversité fonctionnelle par l’installation d’Infrastructures Agro-Ecologiques (IAE) afin de lutter contre les ravageurs sous abri-froids. Il s’agit d’un projet DEPHY EXPE, financé par le plan ECOPHYTO et mené également sur deux autres sites près d’Avignon depuis 2019. Des IAE ont été installées dans un tunnel, telles que des bandes fleuries sur les bordures, des zones réservoir d’auxiliaires comme le souci, la féverole et la blette ainsi que des plantes mellifères, comme l’alysse. Ces aménagements ont pour but de fournir refuge et nourriture (à la fois pollen, nectar et proies) aux auxiliaires des cultures afin d’accroître leur présence. Les populations d’auxiliaires sur soucis, principalement Macrolophus pygmaeus (une punaise prédatrice d’aleurodes, thrips et pucerons) ont par exemple été multipliées par 5 en un an.

 

Associées à ces plantes de service, la gestion des ravageurs est également basée sur des transferts actifs d’auxiliaires. C’est-à-dire que des auxiliaires, notamment les micro-hyménoptères parasitoïdes de pucerons, les coccinelles et les Macrolophus sont prélevées sur les plantes réservoirs dans le tunnel ou dans l’environnement extérieur pour être relâchés sur la culture. Cela revient à faire des lâchers d’auxiliaires « classiques » pour un coût très faible et une réactivité incomparable. Pierre Lasne a estimé le temps nécessaire aux transferts actifs ainsi que le gain économique (pour un tunnel de 250 m²) :

Cette année, la pression de thrips et de pucerons sur la culture de concombre a été régulée, en partie grâce aux aménagements et aux transferts actifs. A l’inverse, les populations d’acariens tétranyques ont eu un développement exponentiel, malgré les bassinages réguliers, les transferts actifs de Macrolophus et les auxiliaires présents dans les tunnels. Les stratégies de gestion des ravageurs par la biodiversité fonctionnelle doivent encore être approfondies pour assurer la maîtrise d’un maximum de ravageurs dans des conditions climatiques variables d’une année à l’autre. Cette méthode de régulation s’inscrit dans un temps long, afin que les équilibres naturels ravageurs/auxiliaires soient maintenus.

Les auxiliaires étaient moins présents à cette période de l’année, néanmoins les participants ont pu observer des Macrolophus pygmaeus récupérées sur les plants de soucis.


Dominique Vianney, un maraîcher entomologiste

Malgré la pluie, Dominique Vianney avait préparé une série de posters pour présenter au groupe sa vision globale des équilibres agro-écologiques existants au sein d’une exploitation. Sur ses parcelles, le maraîcher a mis en place de nombreuses zones favorables à la biodiversité fonctionnelle, et donc aux auxiliaires des cultures, qu’il entretien de manière spécifiques. Il laisse les plantes se développer sur les bordures intérieures de ses tunnels, notamment les géraniums et orties, refuges et ressources pour de nombreux insectes auxiliaires. Il effectue une à deux fauches par an entre ses tunnels, sans faucher l’ensemble des zones en même temps, de manière à maintenir des herbes hautes et des fleurs. Il a également planté plusieurs haies multi-espèces, composées notamment de noisetiers (intéressants pour les chrysopes), de sureaux et nerpruns (aux fleurs nectarifères et aux fruits attractifs pour les oiseaux) ainsi que de grands arbres comme le chêne à intervalles réguliers. Il insiste sur le fait qu’« il faut une continuité entre ces aménagements pour que les auxiliaires puissent circuler et ainsi rentrer dans les tunnels ». Certains aménagements comme les haies sont donc à réfléchir à l’échelle du paysage, avec les autres acteurs de la zone.

Inès MAHÉ

Animatrice du groupe DEPHY Maraîchage de Franche-Comté